Dans une des salles de squash trônent désormais dix consoles de jeu Nintendo auxquelles les étudiants sont invités à jouer deux fois par semaine. Chaque cours compte dans l’évaluation finale des élèves.
« Nos étudiants viennent de partout dans le monde, explique le directeur du département sportif de l’université, Charles Layne, certains ne sont pas à l’aise avec nos sports typiquement américains. » Des classes de tai-chi, yoga ou judo sont offertes en alternative, mais cette année, le département d’EPS a décidé d’aller plus loin. « Nous voulions voir comment allier sport et technologie », ajoute Charles Layne, qui précise que l’école possède déjà une île entière dans le jeu Second Life.
Car la Wii Fit n’est pas une console de jeux vidéo comme les autres. Dérivée de la Nintendo Wii, une console permettant de jouer au tennis, au bowling, au golf ou encore de faire de la boxe, la Wii Fit est explicitement destinée aux sports de fitness. « Un ami m’en a parlé et ça m’a intrigué », explique Todd Boutte, un étudiant en commerce de 24 ans qui n’a pas manqué une seule classe Wii Fit depuis la rentrée.
L’idée de cette classe est aussi de familiariser les étudiants avec certains sports qu’ils appréhendent de pratiquer en groupe : le yoga, l’aérobic, la gymnastique et les jeux d’équilibre. Le secret de la Wii Fit, c’est une planche intelligente capable de déterminer la position du joueur pour chacun des sports. Un écran renvoie l’image de l’utilisateur et une voix le guide dans ses exercices. « Chaque élève dispose d’un compte personnel, ce qui nous permet de suivre leurs progrès, les activités qu’ils préfèrent, s’ils perdent du poids, etc. », souligne Charles Layne.
Pourquoi inciter les jeunes à faire du sport ?
Ce dernier point est un enjeu crucial à Houston. L’obésité y est un problème de santé publique, avec plus des deux tiers de la population en surpoids. Le département sportif de l’université conjugue sports et conseils en nutrition pour tenter d’enrayer le phénomène. Todd Boutte, l’étudiant en commerce, confie ne pas se contenter uniquement de la classe Wii Fit pour faire du sport : « C’est sympa, mais ça ne demande pas autant d’efforts que mes entraînements de musculation. »
Et c’est ce que reprochent certains professionnels du sport, qui voient d’un mauvais œil l’émergence des jeux vidéo dans les cours d’EPS. « C’est une bonne idée de s’appuyer sur la technologie habituellement associée à des comportements sédentaires pour inciter les jeunes à faire du sport. C’est mieux que les jeux vidéo traditionnels, mais ça ne devrait certainement pas remplacer les sports d’extérieur », relève Cedric Bryant, qui fait partie de l’organisation de certification sportive American Council on Exercise.
Pour Elise Terry, qui dirige le département de sports à l’université UCLA de Los Angeles, hors de question d’inciter les étudiants à passer plus de temps qu’ils n’en passent déjà devant un écran. « Je préfère les voir dehors, interagir avec d’autres élèves et faire du sport ensemble. Je suis peut-être old school », plaisante-elle. A Houston, on est certain d’avoir lancé la tendance : « Plusieurs écoles m’ont déjà appelé pour mettre en place le même type de programme », assure Charles Layne.