« Mieux protéger le consommateur. » C’est le Leitmotiv de la ministre de l’Economie, qui présentait mercredi à l’Assemblée son projet de loi de réforme du crédit à la consommation. Car les dérives du crédit ces dernières années ont conduit à une explosion des dossiers de surendettement (+ 15 % entre 2016 et 2017), avec les conséquences sociales que cela implique.
Christine Lagarde a donc déclaré la guerre aux mauvaises pratiques des établissements de crédit. En première ligne, le crédit renouvelable, ou crédit revolving. Ces « réserves d’argent », souvent adossées aux cartes de fidélité des chaînes de magasins telles que la Fnac, Darty ou encore les Galeries Lafayette, sont renouvelées au fur et à mesure de leur remboursement. Mais leurs taux peuvent atteindre plus de 20 % par an ! Conséquence, les échéances mensuelles se composent surtout de remboursements d’intérêts (plutôt que du capital emprunté). La durée d’emprunt devient alors plus longue, et le coût du crédit plus élevé pour les clients. Christine Lagarde propose donc plusieurs mesures pour y remédier.
Les cartes de fidélité en ligne de mire
D’abord, inclure obligatoirement une part de capital dans les échéances. Cela doit permettre de réduire la durée nécessaire pour le remboursement du crédit. « Les crédits devront pouvoir se rembourser en trois ans s’ils sont inférieurs à 3.000 euros, ou cinq ans s’ils sont supérieurs à ce montant », a ainsi précisé la ministre mercredi lors d’un point presse.
Dans un deuxième temps, elle veut mieux informer le grand public des crédits renouvelables « cachés » : « Aujourd’hui le consommateur peut entrer dans le crédit à la consommation à l’insu de son plein gré, simplement en souscrivant une carte de fidélité », insistait-elle mercredi. Pour y remédier, elle demande que les cartes de fidélité ne soient plus assorties que d’une facilité de paiement comptant. Le crédit consommation ne serait donc plus inclus d’office, mais interviendrait sur demande du client.
Autre « point noir » du crédit à la consommation selon Christine Lagarde, la publicité jugée « trop agressive » des établissements de crédit. Ceux-ci affichent par exemple le taux promotionnel valable seulement quelques mois, tandis que le taux réel (qui peut être deux à trois fois plus élevé) est beaucoup plus difficile à trouver. Une pratique à laquelle la ministre entend bien mettre également fin.
Nos conseils pour ne pas se faire avoir
Les associations de défense des consommateurs recommandent la plus grande prudence avant de souscrire un crédit renouvelable.
Les associations de défense des consommateurs pointent du doigt les cartes de crédit à la consommation comme première cause du surendettement. Il s’agit de ces crédits renouvelables (revolving) mais aussi des cartes de fidélité des grands magasins dès lors qu’elles accordent aux abonnés une réserve d’argent. « Elles sont dangereuses, explique Nicole Perez de l’UFC-Que choisir. Nous demandons leur suppression sur les lieux de vente. Lorsqu’on achète un bien, il faut toujours privilégier le crédit traditionnel affecté au bien désiré avec un taux fixe et un échéancier de remboursement. Par exemple, quand vous sollicitez un crédit pour votre abonnement à un club de gym, si le club brûle ou fait faillite, vous êtes protégé. Le crédit tombe car vous ne bénéficiez plus de la prestation. Alors qu’avec un crédit renouvelable, vous continuerez à rembourser. Il ne faut donc pas céder à la pression du vendeur ! »
Le taux moyen d’un crédit affecté à un bien est de 7 %, pour un crédit renouvelable, il monte à 16 %. Ainsi, UFC-Que Choisir a fait une simulation : pour un achat à crédit de 1.500 euros pour de l’électroménager, l’association constate une différence de 300 euros entre les deux types de crédit… Et il peut se cacher des pièges dans un crédit renouvelable. « Il faut tout lire, même ce qui est écrit en tout petit », énonce Sandrine Perrois de l’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV). « Car pour attirer le client, il est proposé un taux promotionnel avantageux mais celui-ci augmente plus les mois passent. »
Et « quand une difficulté surgit, il ne faut pas attendre que la maison brûle », recommande Jean-Louis Kiehl. Le président de la chambre du surendettement social Crésus rappelle qu’il existe un instrument juridique intitulé le délai de grâce. Le débiteur peut aller voir un juge du tribunal d’instance qui prendra attache avec l’établissement de crédit et pourra repousser jusqu’à un délai maximum de deux ans les échéances. D’après lui, il ne faut contracter un crédit renouvelable que lorsqu’on a une difficulté passagère et que l’on peut le rembourser rapidement.
Il convient également de se méfier des TEG-Taux effectifs globaux pratiqués qui se situent dans une fourchette comprise entre 19 et 22 % pour 1.000 euros d’achats (à quelques exceptions près, dont celle de Conforama qui pratique un TEG de 12 %).