Le Conseil national de l’alimentation, instance consultative indépendante qui réunit tous les acteurs de la chaîne, a proposé de proscrire l’étiquetage parapluie, c’est-à-dire fourre-tout, dans un avis qui a été examiné en séance plénière à Montpellier. Des industriels farouchement attachés à une information du consommateur, des consommateurs opposés à cette information qu’ils jugent inutile voire anxiogène, « c’est un peu le monde à l’envers », reconnaît un proche du dossier. Ces avertissements visent les contaminations fortuites qui peuvent intervenir lors de la fabrication du produit alimentaire, et non l’incorporation volontaire d’un allergène (lait, œuf, soja, crustacés, arachide, gluten, etc.) dans une recette qui doit être obligatoirement déclarée.
Quelles sont les règles ?
Il s’agit par exemple de poussières de noisette qui peuvent rester sur une chaîne de production sur laquelle sont fabriquées alternativement différentes tablettes de chocolat. Ainsi, du chocolat au lait peut contenir des traces de noisettes et devenir dangereux pour les consommateurs allergiques à ces fruits à coque. Une enquête du CNA dans un supermarché a montré que 94 % des tablettes de chocolat vendues portaient une mention de type « susceptible de contenir… » mais que ces produits utilisaient des expressions différentes, un nombre d’allergènes différents, des noms différents pour un même allergène.
Les associations d’allergiques veulent la suppression de ces mentions estimant qu’elles « ne servent à rien ». « Ce qui nous apporte de la sécurité à nous allergiques, c’est qu’on soit sûr de ce qui est incorporé à l’intérieur d’un produit et que les règles de production (NDLR : règles sanitaires, d’hygiène) soient respectées », explique Yanne Boloh, de l’interassociation des allergiques et des intolérants. Pour les industriels, il y a « un devoir d’information ». « Si malgré toutes les précautions possibles, un industriel ne peut complètement écarter un risque de contamination, peut-il garder cette information pour lui ou doit-il avertir les consommateurs ? », interroge Camille Helmer, chargée de mission à l’Ania, l’Association nationale des industries agroalimentaires. Ils demandent seulement une uniformisation des expressions utilisables. Pour les allergiques, ce n’est pas une information puisque cela « ne donne pas de mode de décision d’achat aux allergiques ».
Morceaux de verre
Yanne Boloh reconnaît que « depuis dix ans, les industriels ont fait de vrais efforts pour limiter la présence de produits allergènes, mais avec ces “susceptibles de contenir…”, ils ont abouti à instaurer de l’angoisse à induire dans l’esprit de nombreux consommateurs le sentiment que l’industrie n’est pas propre ». En outre, ajoute-t-elle, « on sait qu’il y a eu des accidents, notamment en Angleterre avec des morceaux de verre dans des petits pots pour bébé, ça n’a pas conduit les industriels à écrire “susceptible de contenir des bouts de verre” ». Enfin ces mentions n’exonéreraient pas les industriels d’éventuelles responsabilités civiles voire pénales, souligne le CNA. Aucun procès n’a été intenté, il n’existe donc pas de jurisprudence sur le sujet mais des juristes interrogés par le CNA estiment que seul est important le respect de règles lors du processus de fabrication.